Ryszard
Mierzejewski
poeta, tłumacz,
krytyk literacki i
wydawca; wolny ptak
Temat: W języku Baudelaire'a
Jules Supervielle (1884-1960) – jeden z najwybitniejszych poetów francuskich I połowy XX wieku. Urodził się i dorastał w Urugwaju, gdzie jego rodzina prowadziła w Montevideo interesy bankowe. Wcześnie osierocony przez tragicznie zmarłych rodziców, wychowywany był początkowo przez babcię, a potem przez przez ciotkę i wuja. W 1894 roku wujostwo powróciło z nim do Francji i zamieszkało w Paryżu. W 1906 roku Jules zdał maturę, a rok później ożenił się w Montevideo z Pilar Saavedra. Ze związku tego urodziło się sześcioro dzieci. W czasie pierwszej wojny światowej został powołany do wojska, ale dzięki znajomości języków obcych nie był wysłany na front, ale pracował w Ministerstwie Wojny.
W 1919 roku debiutował jako poeta tomem „Poèmes de l'humour triste” (Wiersze smutnego humoru). Trzy lata później opublikował drugi tom poezji pt. „Débarcadères” (Przystanie), który mimo jego stosunkowo już dojrzałego wieku zwrócił uwagę na niego jako na dobrze zapowiadającego się poetę. W tym czasie nawiązał kontakty, które z czasem przerodziły się
w zażyłe przyjaźnie z najwybitniejszymi poetami tamtych czasów, takimi jak: Max Jacob, Henri Michaux i Rainer Maria Rilke. Kolejne tomy wierszy to: „Gravitations” (Grawitacje, 1925), „Le Forçat innocent” (Niewinnie skazany, 1930), „Les Amis inconnus”, (Nieznani przyjaciele, 1934), „La Fable du monde” (Legenda świata, 1938). Wybuch II wojny światowej zapoczątkował najtrudniejsze lata w jego życiu. Ciężko chory na płuca i serce został zesłany na siedem lat do Urugwaju, a trudna sytuacja na międzynarodowych rynkach finansowych doprowadziła jego rodzinny biznes do bankructwa. Poświęcił się wówczas pracy literackiej. Oprócz oryginalnej twórczości poetyckiej, tłumaczył z hiszpańskiego (m. in. Guillena, Garcia Lorcę) i angielskiego (Szekspira). Wygłaszał też wykłady o współczesnej poezji francuskiej na Uniwersytecie w Montevideo. W 1946 roku wrócił do Francji w aureoli jednego z najwybitniejszych współczesnych poetów francuskich. Wydał dalsze tomy poezji: „1939-1945” (1946), „Oublieuse memoire” (Niepamięć, 1949), „Naissances” (Narodzenia, 1951), „L'escalier” (Schody, 1951) i „Le Corps tragique” (Tragiczne ciało, 1959).
Zmarł w 1960 roku w swoim paryskim apartamencie na niewydolność sercowo-naczyniową.
Wiersze Julesa Supervielle'a tłumaczyli na polski: Julian Przyboś, Adam Ważyk, Jan Kott, Allan Kosko, Roman Kołoniecki, Aleksandra Frybesowa, Julian Rogoziński, Kazimierz Brakoniecki i przede wszystkim Zbigniew Bieńkowski, który poznał poetę osobiście w 1939 roku i przyjaźnił się z nim przez wiele lat. W Polsce wydano je w tomach: Jules Supervielle: Liryki i poematy. Redakcja i słowo wstępne Zbigniew Bieńkowski. PIW, Warszawa 1965; Jules Supervielle: Poezje wybrane. Wyboru dokonał i opracował Zbigniew Bieńkowski. Ludowa Spółdzielnia Wydawnicza, Warszawa 1981 i Wizjonerzy. Michaił Lermontow, Victor Hugo, Saint-John Perse, Jules Supervielle. Przekład i wstęp Zbigniew Bieńkowski. Młodzieżowa Agencja Wydawnicza, Warszawa 1989.
Z tomu „Poèmes de l'humour triste”, 1919
L'orage
Chaque arbre est immobile, attentif à tout bruit,
Même le peuplier tremblant retient son souffle;
L'air pèse sur le dos des collines, il luit
Comme un métal incandescent et l'heure essouffle.
Les moineaux buissonniers se sont tous dispersés
Avec le vol aigu et les cris d'hirondelles,
Et des mouettes vont, traînant leurs larges ailes,
Dans l'air lourd à gravir et lourd à traverser.
L'éclair qui brille au loin semble une brusque entaille
Et, tandis que hennit un cheval de labour,
Les nuages vaillants qui vont à la bataille
Escaladent l'azur âpre comme une tour.
Mais soudain, l'arc-en-ciel luit comme une victoire!
Chaque arbre est un archer qui lance des oiseaux,
Et les nuages noirs qu'un soleil jeune moire,
Enivrés, sont partis pour des combats nouveaux.
przekład Zbigniewa Bieńkowskiego pt. „Burza”
w temacie Skąd Tęczy okrąg...
Z tomu „Débarcadères”, 1922
La montagne prend la parole
Et voilà mon silence dur fonçant sur le moindre bruit qui ose.
Je souffre de ne pouvoir donner le repos sur mes flancs difficiles
Où je ne puis offrir qu'une hospitalité accrochée,
Moi qui tends toujours vers la verticale
Et ne me nourris que de la sécheresse de l'azur.
Je vois les sapins qui s'efforcent, en pèlerinage immobile, vers l'aridité de ma cime.
Plaines, vallons, herbages et vous forêts, ne m'en veuillez pas de mes arêtes hautaines!
J'ai la plus grande avidité de la mer, la grande allongée toujours mouvante que les nuages tentèrent de me révéler.
Sans répit j'y dépêche mes plus sensibles sources, les vivaces, les savoureuses!
Elles ne me sont jamais revenues.
J'espère encore.
przekład Zbigniewa Bieńkowskiego pt. „Góra przemówiła”
w temacie Góry, poezja i my
Z tomu „Gravitations”, 1925
Prophétie
Un jour la Terre ne sera
Qu'un aveugle espace qui tourne
Confondant la nuit et le jour.
Sous le ciel immense des Andes
Elle n'aura plus de montagnes.
Même pas un petit ravin.
De toutes les maisons du monde
Ne durera plus qu'un balcon
Et de l'humaine mappemonde
Une tristesse sans plafond.
De feu l'Océan Atlantique
Un petit goût salé dans l'air,
Un poisson volant et magique
Qui ne saura rien de la mer
D'un coupé de mil neuf cent cinq
(Les quatre roues et nul chemin!)
Trois jeunes filles de l'époque
Restées à l'état de vapeur
Regarderont par la portière
Pensant que Paris n'est pas loin
Et ne sentiront que l'odeur
Du ciel qui vous prend à la gorge.
A la place de la forêt
Un chant d'oiseau s'élèvera
Que nul ne saura situer,
Ni préférer, ni entendre,
Sauf Dieu, qui lui, l'écoutera,
Disant: «C'est un chardonneret»
przekład Zbigniewa Bieńkowskiego pt. „Wróżba”
w temacie W świecie wróżb, zaklęć i sił tajemnych
Echanges
Dans la flaque du petit jour
Ont bu les longs oiseaux nocturnes
Jusqu'à tomber morts alentour
Au dernier soupir de la lune.
Voici les flamants de l'aurore
Qui font leur nid dans la lumière
Avec la soie de l'horizon
Et le vent doré de leurs ailes.
przekład Zbigniewa Beńkowskiego pt. „Wymiany”
w temacie Pierzaści bracia mniejsi
Z tomu „Le Forçat innocent”, 1930
Coeur
Il ne sait pas mon nom
Ce cœur dont je suis l’hôte,
Il ne sait rien de moi
Que des régions sauvages.
Hauts plateaux faits de sang,
Epaisseurs interdites,
Comment vous conquérir
Sans vous donner la mort?
Comment vous remonter,
Rivières de ma nuit
Retournant à vos sources
Rivières sans poissons
Mais brûlantes et douces.
Je tourne autour de vous et ne puis vous aborder,
Bruits de plages lointaines,
O courants de ma terre
Vous me chassez au large
Et pourtant je suis vous, et je suis vous aussi
Mes violents rivages,
Ecumes de ma vie.
Beau visage de femme,
Corps entouré d’espace,
Comment avez-vous fait,
Allant de place en place,
Pour entrer dans cette île
Où je n’ai pas d’accès
Et qui m’est chaque jour
Plus sourde et insolite,
Pour y poser le pied
Comme en votre demeure,
Pour avancer la main
Comprenant que c’est l’heure
De prendre un livre ou bien
De fermer la croisée.
Vous allez, vous venez,
Vous prenez votre temps
Comme si vous suivaient
Seuls les yeux d’un enfant.
Sous la voûte charnelle
Mon cœur qui se croit seul
S’agite prisonnier
Pour sortir de sa cage.
Si je pouvais un jour
Lui dire sans langage
Que je forme le cercle
Tout autour de sa vie!
Par mes yeux bien ouverts
Faire descendre en lui
La surface du monde
Et tout ce qui dépasse,
Les vagues et les cieux,
Les têtes et les yeux!
Ne saurais-je du moins
L’éclairer à demi
D’une mince bougie
Et lui montrer dans l’ombre
Celle qui vit en lui
Sans s’étonner jamais.
przekład Zbigniewa Bieńkowskiego pt. „Serce”
w temacie Miej serce i patrzaj w serce
Z tomu „Les Amis inconnus”, 1934
Les amis inconnus
Il vous naît un poisson qui se met à tourner
Tout de suite au plus noir d’une lampe profonde,
Il vous naît une étoile au-dessus de la tête,
Elle voudrait chanter mais ne peut faire mieux
Que ses sœurs de la nuit les étoiles muettes.
Il vous naît un oiseau dans la force de l’âge,
En plein vol, et cachant votre histoire en son cœur
Puisqu’il n’a que son cri d’oiseau pour la montrer.
Il vole sur les bois, se choisit une branche
Et s’y pose, on dirait qu’elle est comme les autres.
Où courent-ils ainsi ces lièvres, ces belettes,
Il n’est pas de chasseur encor dans la contrée,
Et quelle peur les hante et les fait se hâter,
L’écureuil qui devient feuille et bois dans sa fuite,
La biche et le chevreuil soudain déconcertés?
Il vous naît un ami, et voilà qu’il vous cherche
Il ne connaîtra pas votre nom ni vos yeux
Mais il faudra qu’il soit touché comme les autres
Et loge dans son cœur d’étranges battements
Qui lui viennent de jours qu’il n’aura pas vécus.
Et vous, que faites-vous, ô visage troublé,
Par ces brusques passants, ces bêtes, ces oiseaux,
Vous qui vous demandez, vous, toujours sans nouvelles
«Si je croise jamais un des amis lointains
Au mal que je lui fis vais-je le reconnaître?»
Pardon pour vous, pardon pour eux, pour le silence
Et les mots inconsidérés,
Pour les phrases venant de lèvres inconnues
Qui vous touchent de loin comme balles perdues,
Et pardon pour les fronts qui semblent oublieux.
przekład Zbigniewa Bieńkowskiego pt. „Nieznani przyjaciele”
w temacie W harmonii z przyrodą
Attendre que la Nuit
Attendre que la Nuit, toujours reconnaissable
A sa grande altitude où n’atteint pas le vent,
Mais le malheur des hommes,
Vienne allumer ses feux intimes et tremblants
Et dépose sans bruit ses barques de pêcheurs,
Ses lanternes de bord que le ciel a bercées,
Ses filets étoilés dans notre âme élargie,
Attendre qu’elle trouve en nous sa confidente
Grâce à mille reflets et secrets mouvements
Et qu’elle nous attire à ses mains de fourrure,
Nous les enfants perdus, maltraités par le jour
Et la grande lumière,
Ramassés par la Nuit poreuse et pénétrante,
Plus sûre qu’un lit sûr sous un toit familier,
C’est l’abri murmurant qui nous tient compagnie,
C’est la couche où poser la tête qui déjà
Commence à graviter,
A s’étoiler en nous, à trouver son chemin.
przekład Romana Kołonieckiego pt. „Noc”
w temacie Oczekiwanie
Z tomu „La Fable du monde”, 1938
Dieu pense à l'homme
Il faudra bien qu'il me ressemble
Je ne sais encore comment,
Moi qui suis les mondes ensemble
Avec chacun de leurs moments.
Je Le veux séparer du reste
Et me l'isoler dans les bras
Je voudrais adopter ses gestes
Avant qu'il soit ce qu'il sera,
Je le devine à sa fenêtre
Maïs la maison n'existe pas.
Je le tâte, je le tâtonne,
Je le forme sans le vouloir
Je me le donne, je me l'ôte,
Que je suis pressé de le voir!
Je le garde, je le retarde
Afin de Le mieux concevoir.
Tantôt, informe, tu t'éloignes
Tu boites au fond de la nuit,
Ou tu m'escalades, grandi,
Jusqu'à devenir un géant.
Moi que nul regard ne contrôle
Je te veux visible de loin,
Moi qui suis silence sans fin
Je te donnerai la parole,
Moi qui ne peux pas me poser
Je te veux debout sur tes pieds,
Moi qui suis partout à la fois
Je te veux mettre en un endroit,
Moi qui suis plus seul dans ma fable
Qu'un agneau perdu dans les bois,
Moi qui ne mange ni ne bois
Je veux t'asseoir à une table,
Une femme en face de toi,
Moi qui suis sans cesse suprême
Toujours ignorant le loisir,
Qui n'en peux mais avec moi-même
Puisque je ne peux pas finir,
Je veux que tu sois périssable,
Tu seras mortel, mon petit,
Je te coucherai dans le lit
De la terre ou se font les arbres.
przekład Zbigniewa Bieńkowskiego pt. „Bóg myśli o człowieku” w temacie
Między sacrum a profanum (motywy religijne w poezji świeckiej)
Dieu crée la femme
Pense aux plages, pense à la mer,
Au lisse du ciel, aux nuages,
A tout cela devenant chair
Et dans le meilleur de son âge,
Pense aux tendres bêtes des bois,
pense à leur peur sur tes épaules,
Aux sources que tu ne peux voir
Et dont le murmure t'isole,
Pense à tes plus profonds soupirs,
Ils deviendront un seul désir,
A ce dont tu chéris l'image,
tu l'aimeras bien davantage.
Ce qui était beaucoup trop loin
Pour le parfum ou le reproche,
Tu vas voir comme il se rapproche
Se faisant femme jusqu'au lien,
Ce dont rêvaient tes yeux, ta bouche,
Tu vas voir comme tu le touches.
Elle aura des mains comme toi
Et pourtant combien différentes,
Elle aura des yeux comme toi
Et pourtant rien ne leur ressemble.
Elle ne te sera jamais
Complètement familière,
Tu voudras la renouveler
De mille confuses manières.
Voilà, tu peux te retourner
C'est la femme que je te donne
Mais c'est à toi de la nommer,
Elle approche de ta personne.
przekład Zbigniewa Bieńkowskiego pt. „Bóg stwarza kobietę”
w temacie Kobiecy portret
Le premier arbre
C'était lors de mon premier arbre,
J'avais beau le sentir en moi
Il me surprit par tant de branches,
Il était arbre mille fois
Moi qui suis tout ce que je forme
Je ne me savais pas feuillu,
Voilà que je donnais de l'ombre
Et j'avais des oiseaux dessus.
Je cachais ma sève divine
Dans ce fût qui montait au ciel
Mais j'étais pris par la racine
Comme à un piège naturel.
C'était lors de mon premier arbre,
L'homme s'assit sous le feuillage
Si tendre d'être si nouveau.
Etais-je un chêne ou bien un orme
C'est loin et je ne sais pas trop
Mais je sais bien qu'il plut à l'homme
Qui s'endormit les yeux en joie
Pour y rêver d'un petit bois.
Alors au sortir de mon somme
D'un coup je fis une forêt
de grand arbres nés centenaires
Et trois cents cerfs la parcouraient
Avec leurs biches déjà mères.
Ils croyaient depuis très longtemps
L'habiter et la reconnaître
Les six-cors et leurs bramements
Non loin de faons encore à naître.
Ils avaient, à peine jaillis,
Plus qu'il ne fallait d'espérance
Ils étaient lourds de souvenirs
Qui dans les miens prenaient naissance.
D'un coup je fis, chênes, sapins,
Beaucoup d'écureuils pour les cimes,
L'enfant qui cherche son chemin
Et le bûcheron qui l'indique
Je cachai de mon mieux le ciel
Pour ses distances malaisées
Mais je le redonnai pour tel
Dans les oiseaux et la rosée.
przekład Zbigniewa Bieńkowskiego pt. „Pierwsze drzewo”
w temacie Cóż jest piękniejszego niż (wysokie) drzewa...
Le Corps
Ici l'univers est à l'abri dans la profonde température de l'homme
Et les étoiles délicates avancent de leurs pas célestes
Dans l'obscurité qui fait loi dès que la peau est franchie,
Ici tout s'accompagne des pas silencieux de notre sang
Et de secrètes avalanches qui ne font aucun bruit dans nos parages,
Ici le contenu est tellement plus grand
Que le corps à l'étroit, le triste contenant...
Mais cela n'empêche pas nos humbles mains de tous les jours
De toucher les différents points de notre corps qui loge les astres,
Avec les distances interstellaires en nous fidèlement respectées.
Comme des géants infinis réduits à la petitesse par le corps humain,
où il nous faut tenir tant bien que mal,
Nous passons les uns près des autres, cachant mal nos étoiles, nos vertiges,
Qui se reflètent dans nos yeux, seules fêlures de notre peau.
Et nous sommes toujours sous le coup de cette immensité intérieure
Même quand notre monde, frappé de doute,
Recule en nous rapidement jusqu'à devenir minuscule et s'effacer,
Notre cœur ne battant plus que pour sa pelure de chair,
Réduits que nous sommes alors à l'extrême nudité de nos organes,
Ces bêtes à l'abandon dans leur sanglante écurie.
przekład Juliana Przybosia pt. „Ciało” w temacie Ciało mojego ciała
Pière à l'inconnu
Voilà que je me surprends à t'adresser la parole,
Mon Dieu, moi qui ne sais encore si tu existes
Et ne comprends pas la langue de tes églises chuchotantes.
Je regarde les autels, la voûte de ta maison,
Comme qui dit simplement: voilà du bois, de la pierre,
Voilà des colonnes romanes.
Il manque le nez à ce saint.
Et au-dedans comme au-dehors, il y a la détresse humaine.
Je baisse les yeux sans pouvoir m'agenouiller pendant la messe,
Comme si je laissais passer l'orage au-dessus de ma tête.
Et je ne puis m'empêcher de penser à autre chose.
Hélas ! j'aurai passé ma vie à penser à autre chose.
Cette autre chose, c'est encore moi.
C'est peut-être mon vrai moi-même.
C'est là que je me réfugie.
C'est peut-être là que tu es.
Je n'aurai jamais vécu que dans ces lointains attirants.
Le moment présent est un cadeau dont je n'ai pas su profiter.
Je n'en connais pas bien l'usage.
Je le tourne dans tous les sens,
Sans savoir faire marcher sa mécanique difficile.
Mon Dieu, je ne crois pas en toi, je voudrais te parler tout de même.
J'ai bien parlé aux étoiles, bien que je les sache sans vie,
Aux plus humbles des animaux, quand je les savais sans réponse,
Aux arbres qui, sans le vent, seraient muets comme la tombe.
Je me suis parlé à moi-même, quand je ne sais pas bien si j'existe.
Je ne sais si tu entends nos prières, à nous les hommes,
Je ne sais si tu as envie de les écouter.
Si tu as, comme nous, un coeur qui est toujours sur le qui-vive
Et des oreilles ouvertes aux nouvelles les plus différentes
Je ne sais pas si tu aimes à regarder par ici.
Pourtant je voudrais te remettre en mémoire la planète terre
Avec ses fleurs, ses cailloux, ses jardins et ses maisons
Avec tous les autres et nous qui savons bien que nous souffrons.
Je veux t'adresser sans tarder ces humbles paroles humaines
Parce qu'il faut que chacun tente à présent tout l'impossible.
Même si tu n'es qu'un souffle d'il y a des milliers d'années
Une grande vitesse acquise
Une durable mélancolie
Qui ferait tourner encore les sphères dans leur mélodie
Je voudrais, mon Dieu sans visage et peut-être sans espérance
Attirer ton attention parmi tant de ciels vagabonde
Sur les hommes qui n'ont pas de repos sur la planète.
Ecoute-moi! Cela presse. Ils vont tous se décourager
Et l'on ne va plus reconnaître les jeunes parmi les âgés
Chaque matin, ils se demandent si la tuerie va commencer.
De tous côtés, l'on prépare de bizarres distributeurs de sang de plaintes et de larmes
L'on se demande si les blés ne cachent pas déjà des fusils.
Le temps serait-il passé où tu t'occupais des hommes?
T'appelle-t-on dans d'autres mondes, médecin en consultation,
Ne sachant où donner de la tête
Laissant mourir sa clientèle?
Ecoute-moi ! Je ne suis qu'un homme parmi tant d'autres.
L'âme se plait dans notre corps,
Ne demande pas à s'enfuir dans un éclatement de bombe.
Elle est pour nous une caresse, une secrète flatterie.
Laisse-nous respirer encore sans songer aux nouveaux poisons
Laisse-nous regarder nos enfants sans penser tout le temps à la mort.
Nous n'avons pas du tout le coeur aux batailles, aux généraux.
Laisse-nous notre va-et-vient, comme un troupeau dans ses sonnailles,
Une odeur de lait frais se mélant à l'odeur de l'herbe grasse.
Ah ! si tu existes, mon Dieu, regarde de notre côté.
Viens te délasser parmi nous.
La terre est belle, avec ses arbres, ses fleuves et ses étangs,
Si belle, que l'on dirait que tu la regrettes un peu
Mon Dieu, ne va pas faire la sourde oreille
Et ne va pas m'en vouloir si nous sommes à tu et à toi
Si je te parle avec tant d'abrupte simplicité.
Je croirais moins qu'en tout autre en un Dieu qui terrorise.
Plus que par la foudre, tu sais t'exprimer par les brins d'herbe
Et par les jeux des enfants et par les yeux des ruisseaux.
Ce qui n'empêche pas les mers et les chaînes de montagnes.
Tu ne peux pas m'en vouloir de dire ce que je pense
De réfléchir comme je peux sur l'homme et sur son existence
Avec la franchise de la terre et des diverses saisons
Et peut-être de toi-même dont j'ignorerais les leçons
Je ne suis pas sans excuses
Veuille accepter mes pauvres ruses
Tant de choses se préparent sournoisement contre nous
Quoi que nous fassions, nous craignons d'être pris au dépourvu
Et d'être comme le taureau
Qui ne comprend pas ce qui se passe
Le mène-t-on à l'abattoir
Il ne sait où il va comme ça
Et juste avant de recevoir le coup de mort sur le front
Il se répète qu'il a faim et brouterait résolument
Mais qu'est-ce qu'ils ont ce matin avec leurs tabliers pleins de sang
A vouloir tous s'occuper de lui?
przekład Zbigniewa Bieńkowskiego pt. „Modlitwa do Nieznanego”
w temacie Modlitwa
Z tomu „1939-1945”, 1946
Plein ciel
J’avais un cheval
Dans un champ de ciel
Et je m’enfonçais
Dans le jour ardent.
Rien ne m’arrêtait
J’allais sans savoir,
C’était un navire
Plutôt qu’un cheval,
C’était un désir
Plutôt qu’un navire,
C’était un cheval
Comme on n’en voit pas, Tête de coursier,
Robe de délire,
Un vent qui hennit
En se répandant.
Je montais toujours
Et faisais des signes:
« Suivez mon chemin,
Vous pouvez venir,
Mes meilleurs amis,
La route est sereine,
Le ciel est ouvert.
Mais qui parle ainsi?
Je me perds de vue
Dans cette altitude,
Me distinguez-vous,
Je suis celui qui
Parlait tout à l’heure,
Suis-je encor celui
Qui parle à présent,
Vous-mêmes, amis,
Êtes-vous les mêmes?
L’un efface l’autre
Et change en montant.»
przekład Zbigniewa Bieńkowskiego pt. „Otwarte niebo”
w temacie Utopia
Inne wiersze Julesa Supervielle'a w tematach: "Niebo jest u stóp matki”, Oślepiony błyskiem, czyli o tym, co się mowie wymyka, Najpiękniejsze łąki, Spotkania, Autoportret w lustrze wiersza, Kwiaty, Motyw zwierciadła, lustra i odbicia, Ciemność.Ryszard Mierzejewski edytował(a) ten post dnia 02.04.11 o godzinie 20:01